Le sexisme au Japon

15 février 2023

ALEXIS Damian 2C

Au pays du Soleil-levant, le sexisme est ancré dans les mœurs, enraciné dans la société nippone. D’après le dernier rapport du Forum économique mondial du 13 juillet 2022 sur les inégalités entre les hommes et les femmes, le Japon est classé 116e sur 156, soit bien derrière les autres pays du G7.

Les traditions

Dans la culture japonaise, il est attendu que les hommes travaillent dur pour répondre aux besoins financiers de leur famille, et des femmes qu’elles élèvent leurs enfants. Contrairement à la France, la plupart du temps, ce sont les femmes qui gèrent le budget de la famille, et donne de l’argent de poche à leur mari pour les loisirs de ces derniers.

Contrairement à la France, la question ne semble intéresser pas grand monde, les médias en parle peu. Par exemple, le mouvement #metoo qui s’est propagé dans la plupart des pays occidentaux n’a eu que très peu d’impact au Japon. Dans la société japonaise, il est établi que les hommes et les femmes ont des rôles différents, mais la plupart des Japonais et Japonaise pensent qu’il n’y a pas de discriminations pour autant. D’après Christine Lévy, chercheuse au Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale, cette explication démontre le sexisme de la société japonaise, parce que, d’après elle, le fait que chaque genre a son rôle revient à accepter la division des rôles et cette construction sociale, ce qui est, foncièrement, sexiste.

Cependant, les Japonaises de la nouvelle génération souhaiteraient avoir plus de droits, mais elles n’osent pas, ne souhaitant se faire remarquer, ce qui est très mal vu au Japon. Elles espèrent également trouver un mari qui puisse les aider pour les tâches ménagères, certains hommes ne sachant même pas comment laver la vaisselle ou nettoyer une salle de bain.

Le monde du travail

En 2017, le taux d’activité des femmes était d’environ 70%. Mais une fois la naissance de leur 50% à travailler. D’après le Bureau de l’égalité des sexes, seulement 13% des femmes occupent des postes de direction. Et dans les sociétés cotées en bourse japonaise, 96,3% des cadres sont des hommes. Dans certaines entreprises, il est établi que certaines tâches ne peuvent être réalisées que par des femmes comme faire des photocopies, dactylographier une réunion ou préparer le thé.

Depuis 1947, il existe un congé menstruel en cas de règles douloureuse, qui dans la pratique, est très peu utilisé : 84% des femmes ne l’ont jamais utilisé. Cela peut s’expliquer par deux raisons : 59% des femmes ne connaissent même pas l’existence de ce congé ; il est très mal vu au Japon de poser ses congés (seul 14% des pères ont posé leur congé paternité), et encore plus ces congés là en particulier. Il y a également un congé maternité, mais les femmes n’y ont pas toujours accès, et même quand elles y ont accès, à leur retour dans l’entreprise, des hommes auront souvent pris leur place et elles seront réintégrées à des postes inférieurs et à mi-temps, même dans la fonction publique. De plus, il est très mal vu de mettre ses enfants à la crèche, ce qui expliquent pourquoi les femmes ne reprennent pas le travail après la naissance de leur première enfant. Les femmes doivent également porter des chaussures à talon en entreprise, ce qui peux causer sur le long terme des problèmes de santé ; les hommes doivent porter une cravate.

l'éducation

Dès l’école primaire, il y a une importante séparation entre les deux sexes. Lorsque les écoles sont mixtes, ce qui n’est pas toujours le cas, la liste d’appel se fait en deux temps. Les garçons sont systématiquement appelés en premier.

Au collège et au lycée, il y a des cours de natation obligatoire. Les filles, pour « prouver » leur indisposition à cette pratique sportive, doivent la plupart du temps envoyées leur planning de menstruation à leur professeur d’EPS. Dans ces cas-là, tous les cours sont à rattraper. Mais dans certains établissements, on forçait les jeunes femmes indisposées à nager, et des accidents sont déjà arrivé, comme une jeune fille sortant de l’eau avec les cuisses maculées de sang, se sentant la risée de sa classe.

À l’université, cela n’est pas mieux. À Todai, la plus prestigieuse université de Tokyo, seulement 18% des étudiants sont des filles. Mais ce n’est pas parce qu’elles ne sont moins reçues, mais parce qu’elles sont moins nombreuses à tenter les concours. De plus, au Japon, comme en Asie en général, de nombreux parents hésitent à investir de grosses sommes sur les études de leur fille.

La politique

Pour qu’une femme puisse avorter, le consentement de son partenaire est demandé, et ce depuis 1948. Depuis 2022, la pilule du lendemain est autorisée, mais sous conditions. Il faut l’ordonnance d’un médecin traitant la consommer devant le pharmacien pour éviter qu’elle ne se retrouve au marché noir et elle a un coût, environ 140€ car elle n’est pas remboursé par l’assurance maladie. Depuis 2017, les victimes masculines de viol sont reconnues. Aujourd’hui encore, une victime de viol doit prouver qu’elle ne pouvait se défendre de son agresseur pour que la plainte soit valable.

Après un divorce, une femme doit attendre trois mois avant de pouvoir se remarier. Il en est de même pour une femme devenu veuve, alors que cette règle ne s’applique pas pour les hommes.

En 2020, les Japonaises ne représentaient que 10% des parlementaires, alors qu’en France,

il y a 37,3% de députées et 35,1% de sénatrices. Dans le gouvernement, il n’y a que deux femmes sur 21 ministres. Le parti politique principal du Japon, le PLD, contient seulement 9,7% de femmes, le parti démocrate-constitutionnel 18,4%, le parti communiste 35,4% et le parti social-démocrate contient plus de femmes que d’hommes, 60%, une première de toute l’histoire du Japon.

L’égalité entre les hommes et les femmes n’est donc pas acquise, mais il y a tout de même du progrès.